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Le coin de lecture
31 janvier 2009

Dominique Crépin à Gramat 30 janvier 2009

 

LE BONHEUR

Qu'est ce qui se cache derrière ce mot ? L'étymologie nous indique deux pistes : bon (bonum augurium) heur (eudemonia). Une satisfaction passagère ne semble pas faire le bonheur :

1ER SENS BONHEUR : UN IDEAL INACCESSIBLE le bonheur au sens fort apparaît comme un
idéal trans-temporeL _____________________________________________________

1 L'état trans-teniporel du bonheur évoque un idéal utopique.

a) L'imaginaire du bonheur dans les représentations des paradis célestes ou
terrestres :

b) Le bonheur idéal se distingue du plaisir et de la joie terrestre.

 

2 Pour SCHOPENHAUER (1788/1860) l'homme est une conscience malheureuse parce
qu'en profondeur, cette conscience se révèle comme « souffrance ».

3 Pour d'autres philosophes pessimistes, le bonheur est inaccessible en raison d'une
conscience toujours déchirée. SARTRE et CAMUS et d'autres philosophes de l'absurde et
de l'irrationnel, mettent l'accent sur le tragique qui nourrit le cœur de l'homme.

Transition : La quête du bonheur auquel tous les hommes aspirent est-elle vraiment un combat perdu d'avance ?

2EME SENS : LE BONHEUR COMME SAGESSE. |

A Conception métaphysique : « deviens ce que tu es »

Pour les eudémonistes : le bonheur consiste à assumer pleinement notre vocation spirituelle,

et trouver l'harmonie dans nos rapports entre corps et esprit. PLATON ARISTOTE

De même, pour les Stoïciens, la sagesse réside dans l'accord de l'homme et des choses grâce

à la raison :

B Conception sensible : chez les philosophes empiristes, on trouve l'importance de l'idée
d'un bonheur sensible, comme suite de plaisirs 

C La morale aux dépends du bonheur : SAINT JUST, VOLTAIRE, KANT.

3 EME SENS : le bonheur est la marque d'une activité réussie. Les recettes d'un bonheur ordinaire
conçu comme bien-être.____________________________________________________

1) Un bonheur dynamique est inséparable de l'action et de l'effort.

2) le bonheur dionysiaque : Selon NIETZSCHE, le bonheur est de nature dionysiaque, vivre
intensément comme Carmen (BIZET).

3) Les recettes du bonheur :

 

- Bien être objectif : Une bonne santé, le confort matériel, la liberté d'expression ...

- Bien être subjectif : Les personnes considérées par leurs proches comme heureuses sont
également celles qu'ils perçoivent comme altruistes.

CONCLUSION : - Ne pas le rechercher pour lui-même, nous risquerions de le manquer.

- Le plaisir est le bonheur des fous. Le bonheur est le plaisir des sages. [Jules Barbey d'Aurevilly)


***********************************************************************************


Du Bellay « heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage....» (D.CREPIN)

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Le bonheur

Introduction

Tous les hommes, observait déjà PASCAL, cherchent à être heureux, quelques différents moyens qu'ils y emploient », toutefois les esprits divergent quand il s'agit de s'entendre sur le contenu de cette notion : qu'est ce qui se cache derrière ce mot ?

l'étymologie nous indique 2 pistes :

bon (bonum augurium : chance, présage favorable)

heur (eudemonia : action d'un dieu bienfaisant, satisfaction obtenue dans des circonstances

aléatoires grâce à l'intervention d'une puissance surnaturelle)

« bon » : rapport éventuel avec le bien, la morale ou tout simplement bon comme un bonbon qui nous procure un certain plaisir

« heur évoque quelque chose que l'on ne maîtrise apparemment pas : un événement accidentel qui ne dépend pas uniquement de ma conduite et qui se produit par chance, de façon fortuite et rare de même happiness/happen : c'est un événement arrivé par « bonne chance » : une situation dont je ne suis pas le vrai décideur

toutefois , le bonheur, dans son aspect le plus éminent et le plus pur, suppose, certes, la conscience

du bien dont on jouit,

mais il suppose surtout un état durable et complet de satisfaction ( la totalité des satisfactions

possibles selon KANT) : en contradiction avec l'aspect aléatoire et passager évoqué par l'usage

ordinaire

une satisfaction passagère ne semble pas faire le bonheur:

En effet, il v a bien sûr ce que tout le monde connaît. Des instants délicieux - le plaisir partagé dans les bras de l'être aimé, une séance de repos sur une plage, une soirée de fête en famille, etc. Il y a ces périodes d'euphorie : après avoir réussi un concours ou un examen, après une naissance... Tout cela représente des phases courtes de jouissance, de félicité. Mais ce n 'est peut-être pas cela le parfait bonheur

D'où la formule de VOLTAIRE: «Le bonheur n'existe pas, il n'existe que des instants de bonheur »,

le bonheur parfait est-elle une notion trop ambitieuse et inaccessible? La recherche de ce type de bonheur est-il un combat perdu d'avance ?

Ne faut-il pas plus modestement se contenter d'un petit bonheur ou tout simplement parler de bien-être dont les conditions de réalisation nous paraissent plus accessibles et moins aléatoires?

Je propose d'évoquer quelques rappels philosophiques sur cette problématique

PLAN PROPOSE

 

A le bonheur au sens fort apparaît comme un idéal inaccessible à l'homme : un idéal transtemporel irréalisable sur terre, un combat perdu d'avance . Toutefois, toute une tradition philosophique antique et moderne affirme le contraire comme quoi le bonheur est possible et qu'il se confond avec la sagesse.

-Théories métaphysiques reudémonismes, -Théories sensibles : épicurisme, hédonisme

4P»

-Bonheur et moralité : pour la plupart des philosophes bonheur et morale vont de pair

-autres conceptions : une puissance dynamique de notre être, une réconciliation entre l'homme et la vie

C Les recettes d'un bonheur ordinaire conçu comme bien-être :

1ER SENS BONHEUR : UN IDEAL INACCESSIBLE, UN COMBAT PERDU D'AVANCE

1 Fêtât transtemporel du bonheur est présent dans les imaginaires du bonheur niais il
demeure alors un idéal UTOPIQUE:_________________________________________

le bonheur parfait se présente comme un idéal.. .un idéal apparemment inaccessible :

qui n'existe qu'en littérature ou que dans la religion dans un contexte eschatologiquef béatitude)

a) l'imaginaire du bonheur:

——_—/ 'imaginaire du bonheur peut se lire dans les représentations que les sociétés se font des

paradis célestes ou terrestres :

la recherche du paradis terrestre imaginé par les écrivains antiques était niché quelque part en

Arcadie, au cœur des montagnes du Péloponnèse ; WATTEAU embarquement pour Cythère.... De

l'autre côté du décor, il n'y rien , mais de ce côté-ci le départ est plus beau que l'arrivée, plus

précieux que la suite....:

Le paradis de la Bible c'est le jardin de FEden ou encore le 7eme cercle de l'enfer de DANTE ( VIRGILE faisant office de médiateur, conduit DANTE à BEATRICE-« Béatrice : celle qui rend heureux »-) ; c'est aussi la béatitude....

La béatitude : une notion à géométrie variable, presque inaccessible sur terre

----------- ..le bonheur éternel existe dans de nombreuses religions mais seulement dans un contexte

eschatologique( béatitude)

EXEMPLE LE SERMON SUR LA MONTAGE : «heureux ceux .... »

ici encore la religion développe le thème de « la porte étroite ........ .nous accédons à la béatitude

au ciel par le mérite d'une conduite vertueuse et par la grâce divine.....

---------- — même chez les mystiques les extases qui vivent un état proche de la béatitude , sont

passagères et leurs joies non continues: périodes intermittentes de « nuits obscures »- (les extases sont intermittentes, occasionnelles (l'âme ne reste jamais longtemps en repos) ; les extases surgissent par grâce divine et l'on retrouve ici le caractère aléatoire de Pétymologie du mot bonheur EXEMPLE emprunté à la mystique naturelle ; le néoplatonicien PLOTIN ne connut dans sa vie que 3 extases/enstases comme le rapporte son disciple PORPHYRE dans les Ennéades )


 

——-——-de même le bonheur concernant les joies suprêmes de l'esprit appelées « béatitude » par SPINOZA demeure une notion problématique : la « connaissance du 3enie genre » est censée être une vision synthétique ou « holiste » du monde en Dieu, un « nirvana » de la pensée qui s'éprouve davantage qu'il se prouve : cet « orgasme intellectuel » ne peut pas être expliqué mais il me semble trop idéal pour ne pas dire utopique... ;

b) le bonheur idéal se distingue du plaisir et de la joie terrestre

le mot bonheur est utilisé au passé ou pour l'avenir, mais très rarement au présent en raison de la difficulté ou plutôt de l'impossibilité de réaliser concrètement les conditions requises :

------- ——:„ en effet, le bonheur parfait se distingue d'abord du plaisir toujours

incomplet particulier et passager et « bienpromptement rassasie et dégoûte » ALAIN.:

Le plaisir est la plénitude immédiate charnelle, sensible du désir qui accède à sa réalisation,

un bien-être agréable essentiellement d'ordre sensible ; mais ce terme peut très bien concerner des

plaisirs de l'esprit, tel que le plaisir esthétique

——----------- le bonheur se distingue de la joie qui engage l'être tout entier mais qui n'est pas

forcément durable

a

la joie est le concept charnière entre le plaisir et le bonheur. En effet, la joie est la plénitude éclatante du désir satisfait ; autrement dit, le plaisir c'est le désir satisfait, la joie c'est en plus la pleine conscience de cette satisfaction

Mais ce dernier appartient encore à l'ordre du temps ; or le bonheur parfait se présente comme une sorte d'éternité....

On pourrait objecter, comme ROUSSEAU dans les rêveries d'un promeneur du promeneur solitaire, que l'intensité de la joie compense la courte durée, et que l'idée du bonheur ainsi que le souvenir qu'on en garde sont plus importants que la réalité : ROUSSEAU évoque son séjour de 2 mois à l'île saint-pierre en Suisse, dans une nature isolée, accueillante et paisible où il été « si véritablement heureux »....;

---------- —.„Mais le bonheur authentique - me semble-t-il- c'est encore davantage : le bonheur

apparaît plutôt comme un jugement nourri d'expériences de joie à travers un état transtemporel qui dure au-delà du présent, alors que la joie concerne une expérience spécifique du moment :

S'il existe, le parfait bonheur suppose qu'il soit durable . Un amour qui se prolonge entre deux
personnes, le plaisir permanent de faire un travail qui vous plaît, de vivre une passion. Et encore,
ces choses ne sont pas éternelles. Il est évident que, si vous avez connu le bonheur avec un être qui
vous est cher et que cet être vous quitte ou disparaît, vous serez d'autant plus malheureux, à la
mesure même de votre bonheur.

Le bonheur éternel - tout comme la jeunesse, l'amour, la santé, etc. - semble ne pas exister, on dit qu'il y a des journées réussies mais plus rarement des vies réussies.

2 pour SCHOPENHAUER 1788/1860 l'homme est une conscience malheureuse parce qu'en
profondeur, cette conscience se révèle comme « souffrance »_____________________

SCHOPENHAUER montre que désir et vouloir- vivre signifie souffrance ; la vie oscille comme un


 

pendule de droite à gauche , de la souffrance à l'ennui ; le paradis s'évanouit toujours et ce n'est qu'un mirage : « le mirage attrayant du lointain nous montre des paradis qui s'évanouissent, semblables à des illusions d'optique, une fois que nous sommes laissés prendre ; le bonheur réside donc toujours dans l'avenir, ou encore dans le passé , et le présent paraît être un petit nuage sombre que le vent pousse au-dessus de la plaine ensoleillée : devant lui tout est clair ; seul il ne cesse lui-même de projeter une ombre » le monde comme volonté et comme puissance. ^ Ainsi le bonheur, idéal inaccessible, ne possède pas de positivité ; pour SCHOPENHAUER, plus la conscience est aiguë, plus la souffrance est grande.

3 pour d'autres philosophes pessimistes, le bonheur est inaccessible en raison d'une
conscience toujours déchirée_______________________________________________

SARTRE et d'autres philosophes de l'absurde et de l'irrationnel, mettent l'accent sur le tragique qui nourrit le cœur de l'homme : ils observent le tragique d'une conscience humaine toujours déchirée ; Le bonheur paraît alors inaccessible parce que l'homme est conscience malheureuse, conscience déchirée jamais en unité, jamais en repos :

--------------------- —Pour HEGEL et SARTRE la conscience est principalement un mouvement de

négativité :

Un pur élan de transcendance ;

Une fuite infinie dans le temps, une non coïncidence ; la conscience n 'est jamais en repos :

SARTRE voit dans la conscience humaine, par opposition aux choses, une puissance de nier le donné ; si la nature et les choses coïncident avec elles-mêmes, au contraire, la conscience néantise tout donné , car elle est un trou d'être : le bonheur (statique) est donc un idéal inaccessible puisque la conscience n'est jamais en repos...

Le seul combat que l'homme doit assurer , ce n'est pas la poursuite du bonheur mais c'est de défendre toutes les formes de la liberté

------------------ Et même si « le bonheur est le répit de l'inquiétude avec des moments de joie »

dans les moments de joie intense, il y a parfois « comme une petite fêlure... »

EXEMPLE

Analyse de JANKELEVITCH vous êtes dans un endroit paradisiaque....et pourtant il y a comme

une petite fêlure, comme le suggère VERLAINE dans Clair de lune (Fêtes galantes)

Tout en chantant su le mode mineur

L'amour vainqueur et la vie opportune

Ils n 'ont pas l'air de croire à leur bonheur

--------- —De même pour CAMUS(1913-1960) , la recherche du parfait bonheur est un combat

perdu d'avance ...compte tenu de la souffrance humaine : solitude, exil, persécution, trahison,

maladie et mort..

Cependant, il convient de nuancer ce thème existentialiste de l'absurde :

D'une part, dans le mythe de Sisyphe, CAMUS précise que l'homme peut échapper au nihilisme

absolu d'homme ne sera heureux qu'avec les hommes quand il se sera débarrassé de l'angoisse

inutile de son destin mortel et qu'il retrouvera sa grandeur dans l'acception d'une tache qui relève

de son libre choix ......

D'autre part, dans retour à Tipasa 1952 l'été 1954 et Noces 1938 , CAMUS retrouve à sa façon le lyrisme de la bonne nature de ROUSSEAU en évoquant de purs moments de félicité et de volupté dans la communion avec les éléments : l'homme n'a pas besoin des dieux pour trouver sa voie, il lui


 

suffit de contempler la terre baignée de soleil et de mer....

TRANSITION

. Faut-il admettre pour autant qu 'il y a une équation toujours évidente entre je pense, je souffre, je suis ?La quête du bonheur auquel tous les hommes aspirent est-elle vraiment un conibat perdu d'avance ?

2EME SENS : LE BONHEUR COMME SAGESSE

Beaucoup de philosophes antiques eudémonistes admettent que le bonheur réside dans la sagesse :
que devons nous comprendre dans ces termes ?__________________________________

Pour les eudémonistes le bonheur étant la visée de tout homme, il doit donc se révéler accessible et nous pouvons le construire

l)En effet, toute la philosophie antique reconnaît le bonheur comme son but mais à travers 2 types de doctrines :

^ conception métaphysique

conception sensible

A° conception métaphysique : « deviens ce que tu es »

le but de la philosophie est double : c'est à la fois la recherche de la vérité et le bonheur (ou la

conjonction des deux : la sagesse)

Pour les eudémonistes : le bonheur consiste à assumer pleinement notre vocation spirituelle, et trouver Pharmonie dans nos rapports entre corps et esprit

nous pouvons être en partie l'artisan de notre bonheur par une vie conforme à la raison: PLATON 428/348: le bonheur est l'harmonie dans nos rapports entre corps et esprit grâce à la vertu

ARISTOTE 384/322 :la recherche du bonheur est « le souverain bien » auquel tous les hommes aspirent ;

le bonheur le plus pur réside dans la connaissance car il faut vivre « selon la partie la plus haute de son âme » éthique à Nicomaque . En effet, Peudémonisme aristotélicien, privilégie l'esprit ou l'âme sur le corps : le bonheur est ce qui rend la vie souhaitable et complète ; le propre de l'homme étant l'activité de l'âme, elle est donc son bien propre ; le moyen d'y parvenir est la vertu (qui ne recherche pas le plaisir pour lui-même). « s'il est vrai que le bonheur est l'activité conforme à la vertu, la vertu la plus parfaite est Vactivité conforme à la partie la plus haute (contemplative) de l'homme qui possède quelque caractère divin ;.. nous devons nous rendre immortels dans la mesure du possible » Ethique à Nicomaque livre X

De même, pour les Stoïciens ,la sagesse réside dans l'accord de l'homme et des choses grâce à la raison : une école qui s'est déployée pendant 5 siècles d'abord en Grèce avec ZENON de Cithium jusqu'aux romains SENEQUE moins 4/65 (de la vie heureuse). EPICTETE 50/138, MARC AURELE 121/180 après JC (Pensées)

CONSEQUENCES:


 

une vie extrêmement ascétique (attitude jugée extrême critiquée par LA FONTAINE dans la fable

« le philosophe scythe » )

le bonheur est un objectif supérieur au plaisir : le bonheur se situe beaucoup plus haut qu'une

jouissance immédiate et passive,

le bonheur se révèle comme une vie conforme à la raison marquée par la sérénité et la tranquillité

spirituelle ;

LE STOÏCISME N'EST PAS ELOIGNE DU MESSAGE de SERENITE DU BOUDDHISME : le

bonheur est proche de Pataraxie ; « le bonheur ne consiste point à acquérir ou à jouir mais à ne pas

désirer » EPICTETE entretiens

B conception sensible :

A l'opposé de ce qui précède

------------ — chez les philosophes empiristes, on trouve l'importance de l'idée d'un bonheur

sensible, comme suite de plaisirs,....

mais toute philosophie hédoniste est amenée à prendre des précautions vis-à-vis de la souffrance et par suite, vis-à-vis des plaisirs qui risquent d'avoir pour conséquence la souffrance

---------- -les philosophes du bonheur sensible comme EPICURE 341/270 sont amenés à établir une

hiérarchie des plaisirs : plaisirs physiques comme boire et manger ; plaisirs de l'esprit et du cœur

comme l'amitié

et ils nous invitent à la modération dans la satisfaction de nos désirs physiques

EPICURE Lettre à Ménécée : le bonheur ne réside pas dans la recherche effrénée des plaisirs, ni

dans un renoncement pur et simple au désir, mais dans une satisfaction mesurée des désirs

sensibles

Relevons dans les Maximes l'importance de l'amitié désintéressée qui est une source de bonheur :

l'amitié est communion et source d'enrichissement personnel, un thème qui demeure toujours

d'actualité......

LA MORALE AUX DEPENS DU BONHEUR

toute la philosophie antique assimilait volontiers bonheur et vertu : le bonheur devient le but de

la vie à condition qu'il se valorise en s'identifiant avec la joie morale

le bonheur est-il toujours assujetti et valorisé par la morale ? Pas forcément

1) sur ce point l'hédonisme moderne ne rejoint que partiellement les doctrines morales antiques :

-------- ..... au XIX siècle, BENTHAM Jérémie 1748/1832 (déontologie 1843 )considère la

quantité des plaisirs , tandis que John Stuart MILL 1806/1873 ( de l'utilitarisme 1863) , par exemple, introduit la notion de qualité

Au XIXe. hormis l'utilitarisme anglo-saxon, la question du bonheur dans la philosophie est souvent relativisée, voire repoussée. Ce mouvement culmine chez NIETZSCHE , qui fait du bonheur un but mesquin d'homme faible. Comme nous le verrons ci-après

------------------- au XVIII0 déjà, il convient de préciser que le bonheur est la redécouverte du plaisir

comme valeur centrale...le « bonheur est devenu une idée neuve » comme le dit SAINT JUST en mars 1794 dans son rapport présenté à la Conventionné bonheur est née à Vépoque des Lumières qui valorise les plaisirs terrestres et rejette la chape de plomb de la culpabilité catholique et de l'austérité protestante ( EXEMPLE VOLTAIRE dans le mondain s'insurge contre l'ascétisme chrétien et proclame la primauté des plaisirs sensoriels)


 

2)——————au XVIII0 siècle encore, dans un tout autre contexte, quelques remarques sur LA

MORALE AUX DEPENS DU BONHEUR chez KANT :

KANT de religion protestante, affirme qu'il ne faut pas confondre la morale visée du bien, et la

sagesse, méthode du bonheur : le bonheur ne doit pas être le but direct de notre vie :

1er argument

Obéir à la loi morale exige que nous sacrifions parfois notre intérêt et notre bonheur .^Certes le bonheur n'est pas absolument exclu, à condition qu'il soit obtenu dans le strict respect de la loi morale. KANT affirme même qu'il y a un devoir d'être heureux, car un homme heureux sera soumis à moins de tentations et pourra plus aisément accomplir son devoir. Mais d'un autre côté, notre conscience est obscure à elle même, nous ne savons jamais si nous faisons le bien par devoir ou pour un motif intéressé, comme un désir de gloire. Dés lors, puisque celui qui fait le bien avec plaisir, peut aussi le faire par plaisir, et non par devoir, donc sans valeur morale, le seul moyen de se prouver à soi-même sa moralité sera de sacrifier son bonheur au devoir :

2 eme argument

En outre pour lui, il n'y a pas de passage possible entre l'ordre de la sensibilité et Tordre de la raison :

nous devons rechercher la vertu et la recherche du bonheur est sans rapport direct avec la vie morale

En effet, Pétymologie du bonheur évoque une rencontre favorable , donc une passivité, d'où la

critique de KANT : Prendre un sentiment pour mobile, c'est ouvrir la porte à l'intérêt sensible et

égoïste , « c'est ouvrir la porte au mal ».

Or la morale est bâtie sur l'impératif de la raison et non sur l'optatif.

Toutefois, la réflexion rationnelle fait de la recherche du bonheur un devoir indirect : nous devons

être digne du bonheur du point de vue de Dieu... en leur sens profond, les exigences morales

kantiennes excluent notre bonheur.

------------------- Rappel : Conceptions analogues déjà chez LUTHER, PASCAL

: ils partagent la certitude que l'homme est essentiellement mauvais, l'attitude religieuse est donc de renoncer à tout bonheur terrestre. JOB, le juste, est misérable et malheureux alors que des crapules sont florissantes. D'où la nécessité d'affirmer que la récompense de la vertu se fera plus tard, dans un autre monde , lors de la vie après la mort.

Beaucoup de religions chrétiennes semblent ainsi subordonner le bonheur de l'homme au respect désintéressé de la morale

3 EME SENS : le bonheur est la marque d'une activité réussie

même si la conscience n 'est jamais en repos /e bonheur est à la fois le dynamisme coextensif à une vie inquiète et la marque d'une activité réussie :

l)Un bonheur dynamique est inséparable de l'action et de l'effort : héroïsme généreux , don de soi à certaines valeurs ; en ce sens le bonheur semble bien le parachèvement de Vaction : la marque d'une activité réussie, éclatante de la joie de partager. Toutefois, cela n 'empêche pas que le

bonheur demeure le dynamisme coextensif à une vie inquiète : « notre bonheur ne consistera jamais .. dans une pleine jouissance, où il n'y aurait plus rien à désirer et qui rendrait notre esprit stupide ; mais un progrès perpétuel à de nouveaux plaisirs et de nouvelles perfections » LEIBNIZ


 

Principes de la nature et de la grâce fondés en raison

2) le bonheur dionysiaque :

à l'opposé de l'attitude précédente altruiste et morale, il convient de relever la conception très

originale et individualiste de NIETZSCHE :

Selon NIETZSCHE, le bonheur est bien jouissance dans Faction mais le vrai bonheur n'est pas celui du « dernier homme» ( Ainsi parlait Zarathoustra )

« l'homme du troupeau, décadent, malade, stérile », a peur de souffrir et cherche en toutes choses sécurité et garanties, il fabrique bonheur mesquin et prudent, idée d'une béatitude future apportée par Dieu .Or, il faut dépasser l'humain et inventer le surhumain, l'être fort, créateur de valeur, qui saura dire oui au monde, qui, par sa surabondance de force, consumera sa vie par tous les bouts, et acceptera de payer de grandes joies au prix de grandes souffrances, au lieu de chercher un petit bonheur tranquille.

la vie est peut-être bien déséquilibre permanent et saisie d'une souffrance ; néanmoins, le bonheur dionysiaque peut être atteint comme signe de notre activité, comme dynamisme même de la vie en n'écartant pas la souffrance qui est coextensive à la vie

le bonheur dionysiaque est conçu comme l'exaltation des sentiments, la course aux plaisirs, l'acceptation du vouloir vivre, de la volonté de puissance, l'oubli de soi dans la frénésie, l'enthousiasme, la volupté des émotions fortes et des sens exacerbés. Dés lors, le bonheur en perpétuel devenir, se constitue dans cet excès où le plaisir se fait souffrance et la souffrance plaisir, et où l'homme s'affranchit de ses limites en se disloquant avec ivresse dans le jeu du monde.

il s'agit de vivre intensément comme CARMEN(Bizet) ; tel est l'état dionysiaque prôné par NIETZSCHE

3) PLUS MODESTEMENT : LES « RECETTES » DU BONHEUR

A)Plus modestement et de façon ordinaire, le bonheur semble fait d'une tonalité concernant l'ensemble de l'existence :

II n'est pas la satisfaction de chacune de nos tendances, ou de leur totalité, mais la satisfaction résultant de l'orientation générale de notre vie en rapport avec un certain équilibre appelé bien-être

la satisfaction des tendances fondamentales de la vie pourrait se décliner en termes de bien être à travers un certain nombre de « recettes » qui font l'objet d'une littérature actuelle abondante :

En effet, sur l'un des principaux sites de vente en ligne, plus de 1000 titres français traitent du sujet ; s'y retrouvent des philosophes, des médecins, des psychologues.... tous unis pour nous rendre heureux, avec pour certains de véritables succès: le plaidoyer pour le bonheur de MATHIEU


 

RICARD, paru en 2000, s'est vendu à plus de 130 000 exemplaires rien qu'en poche/pocket

ou encore récemment les livres de ROBERT MISRAHI pour qui le bonheur est possible dans la

mesure où il est le fruit de notre décision ......ou encore Christophe André vivre heureux,

psychologie du bonheur( odile jacob 2003) basé sur le développement personnel : apprendre à s'accepter, vivre le moment présent....

B)quelles sont les recettes du bonheur conçu comme bien-être et joie de vivre ?

Bien être objectif Bien être subjectif

Les sciences humaines énumèrent les facteurs qui jouent un rôle important dans le bonheur ordinaire construit sur la joie de vivre :

Le Bien être est il lié à un trait stable de la personnalité ?

Le Bien être est ce un état variable dépendant des circonstances de l'existence , extérieures à l'individu (revenus financiers, relations sociales, santé/maladie) : Bien être objectif: une bonne santé, le confort matériel, la liberté d'expression

Mais aussi du Bien être subjectif : comment l'individu évalue son existence

LES RECETTES DU BONHEUR

Les relations sociales

Les gens mariés sont plus heureux que ceux qui vivent seuls( la causalité peut être à double sens : les gens heureux ont plus de chances de trouver un partenaire, avoir plusieurs amis, ) ils ont une meilleure santé.

L'âge : il n'est pas un facteur significatif ; peut-être la satisfaction de l'existence augmente elle avec le temps ?

Le travail : il donne un sentiment d'utilité ; il crée des liens avec d'autres personnes mais il peut également être cause de stress ou d'ennui.

La religion : elle augmente la satisfaction de l'existence : la personne trouve dans sa foi un sens à l'existence.

L'argent est un bon serviteur mais un mauvais maître

II ne fait pas le bonheur mais le manque d'argent peut faire le malheur( comme la santé)

Les pays riches se disent globalement plus heureux ; ils ont aussi des régimes démocratiques qui sont

un élément du Bien être

L'aspiration à la réussite financière constitue un Bien être moindre que le sentiment d'autonomie et

de solidarité familiale.

Intervient aussi la mentalité nationale : les habitants de culture collective (JAPON) éprouvent moins de Bien être que ceux des pays à culture traditionaliste où les normes autorisent plus facilement l'expression des émotions personnelles ou positives.


LES GENS HEUREUX N'ONT PAS D'HISTOIRE

Les personnes heureuses se caractérisent par :

Estime de soi

Sentiment de contrôler son existence <*•

Optimisme

Extraversion

Conséquences :

Ces personnes se concentrent moins sur elles mêmes

Sont moins hostiles

Sont plus aimantes

Ont plus confiance dans les autres

Plus prêtes à pardonner

Les personnes considérées par leurs proches comme heureuses sont également celles qu'ils perçoivent comme altruistes.

CONCLUSION ne pas le rechercher pour lui-même, nous risquerions de le manquer

nous savons que

Le parfait bonheur n 'est pas l'immédiateté du repos ni la simple jouissance ;

Peut-être davantage, la maîtrise par la raison et la fermeté spirituelle : un bonheur pourrait se

profiler comme un accord de l'homme et des choses grâce à la raison mais difficilement :

le bonheur comme conquête spirituelle s'avère difficile compte tenu des aléas de la chance et de

notre condition charnelle(« l'esprit est vif mais la chair est faible »).

en outre, la vie humaine est souvent une coïncidence difficile avec soi-même en raison d'une « mauvaise conscience » inhérente à notre condition .

Toutefois, le bonheur ordinaire semble le parachèvement de l'action :la marque d'une activité réussie, éclatante de la joie de partager :un bonheur dynamique inséparable de l'action et de l'effort : l'héroïsme généreux, le don de soi à certaines valeurs.

Selon ALAIN, le bonheur le plus enviable est celui qui s'identifie avec le sentiment de vivre et

d'agir « le bonheur c'est la saveur même de la vie ....Agir est une joie Toute la vie est un chant

d'allégresse ».

Ceci dit, pour ma part je ferai mienne le précepte de PIEXII: « ne pas vivre forcément heureux mais avoir la joie de bien faire ».

fAurevilly.]

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