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3 octobre 2008

Café philo Gramat 26 septembre 2008

imagesCafé philo Gramat 26 septembre 2008 D. CREPIN

"Le beau"

Le beau exprime une émotion, un jugement, une appartenance culturelle

 

Il semble que le beau fasse l'objet d'une expérience complexe et mouvante comme le suggère au fil du temps l'histoire de l'art : le beau demande une adhésion mais aussi une éducation même si au départ il y a une satisfaction à voir ou à entendre, un plaisir désintéressé qui suscite un jugement irréfléchi "c'est beau" ; ce jugement nous invite ensuite à nous livrer à une explication par des considérations sur la chose aussi bien dans l'ordre de la beauté naturelle (beauté corporelle, naturelle) que dans l'ordre de la beauté artistique (tableaux, vitraux, fresques, architectures ou autres productions humaines).

 

"cest beau" c'est aussi faire partager notre émotion comme si le beau pouvait faire l'objet d'un jugement universel.

Nous observons alors que certaines productions – surtout contemporaines – exposées dans les musées ou sur les places publiques nous choquent. Est-ce une erreur d'appréciation de notre part ou le signe d'un manque de culture ? D'où l'intérêt de tenter de discerner quelques critères du beau même si nous savons bien que le beau ne se prouve pas mais qu'il s'éprouve et prendre ainsi conscience de l'objectivité (ce qui est partagé par tous) ou de la subjectivité (émotion non partagée par tous) de nos jugements esthétiques.

 

En occident, parmi les nombreuses doctrines esthétiques qui s'affrontent, j'en citerai 2 principales :

 

L'une est classique : (en vigueur durant l'Antiquité, la Renaissance, et jusqu'au XVIIème siècle) : la beauté artistique repose sur "une vérité choisie", autrement dit une certaine imitation de la nature qui elle-même est très souvent belle.

EXEMPLE la statue d'une grande beauté corporelle de LAOCON du 3ème siècle avant JC dans laquelle MICHEL ANGE voyait un miracle de l'art.

 

L'autre doctrine est moderne mais complexe (théorie kantienne développée dans la critique du jugement) : le jugement esthétique semble attribuer une qualité à une œuvre d'art mais en réalité, il part d'une réalité subjective : les sources du beau sont en nous même quand il y a une satisfaction désintéressée née du libre jeu de la sensibilité et de la (faculté intellectuelle) ; malgré tout, il est possible théoriquement selon KANT de passer de la subjectivité qui fonde le "c'est beau" à une objectivité celle du "c'est beau pour tous". En outre, il n'y a pas de règles préétablies pour produire le beau ; l'artiste de génie est à la fois original (unique) et originel (il n'est pas esclave des modèles préexistants) ; ceci explique déjà que le beau est toujours une surprise, une grâce qui fonde notamment la séparation entre la prosaïque et le poétique…

Cependant, KANT a encore une prétention trop classique à l'université, négligeant les facteurs culturels…

 

Le beau exprime une émotion, un jugement, mais aussi une appartenance culturelle. Les œuvres d'art sont exposées dans les musées et si certaines productions contemporaines ne nous semblent pas belles, elles y sont néanmoins exposées : ces œuvres marquent une étape historique ou un avènement, l'art soi-disant authentique étant de "faire" pour la première fois et non pas de "refaire" (tout le monde pourrait refaire du MONDRIAN ou du PICASSO avec des rectangles et des cercles et d'autres figures géométriques, mais cela ne serait plus original ni originel ; certaines de ces créations sont exposées peut-être aussi tout simplement parce qu'on appelle art ce qui a été institutionnalisé comme tel (exemple la roue de bicyclette sur un tabouret de DUCHAMP) ; il y aurait une élite qui fait la loi et dicte plus ou moins arbitrairement la séparation de ce qui est laid de ce qui est vulgaire par rapport à ce qui est beau ou distingué.

 

Finalement, il serait difficile de mettre au point une définition éternelle de la beauté (mais pour moi qui suis classique – le classicisme, c'est ce qui est vieux que cela ne peut plus vieillir – la beauté se définira toujours comme "le resplendissement de la forme sur les parties proportionnées de la matière" Saint Thomas d'Aquin/Aristote.

 

Et pourtant, je conclurai qu'en matière de jugements esthétiques, le temps "feutre" les évènements et les autres combats d'avant garde (art brut, abîme constructivisme, dadaïsme, fauvisme, surréalisme, pop art) : jugements esthétiques que le temps et la postérité enrichissent de commentaires élogieux et qui rendent "classiques" – "les modernes" du temps présent. Un jugement qui nécessite l'expérience de la durée.

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